Le pari risqué du volontariat
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Le plan conçu par Québec pour compenser le retard lié aux 9 à 24 jours de grève subis par les élèves est très solide et comporte les bases essentielles. Il prévoit du tutorat en dehors des heures de classe, de l’aide fournie par des spécialistes pour les enfants à besoins particuliers, du soutien en français, des cours d’été gratuits pour les finissants du secondaire, de l’aide financière pour les organismes qui offrent des services en persévérance scolaire et du rattrapage pendant la relâche. Les modifications annoncées au calendrier des examens et de remise des bulletins sont tout à fait judicieuses. Les 300 millions de dollars débloqués par Québec seront répartis entre quelque 2700 écoles publiques, pour une somme moyenne d’environ 110 000 $ par établissement. Le gouvernement a précisé qu’il verserait davantage en proportion aux centres de services scolaires associés à la Fédération autonome de l’enseignement, où la grève a perduré. C’est en effet une condition essentielle.
Mais faire reposer cela sur la bonne volonté des enseignants, au lendemain d’une négociation plutôt ardue et alors que les principaux intéressés ne savent pas encore ce qu’ils ont « gagné » dans l’entente de principe sur les conditions de travail, constitue une spectaculaire gageure. Dans un contexte où les sommes déjà dévolues au tutorat par le gouvernement ne sont pas entièrement dépensées par les centres de services scolaires, faute de personnel disponible pour offrir les heures d’encadrement, le gouvernement n’avait d’autre option que d’étirer les semaines des personnes en place, car il n’y a tout simplement pas de nouveau personnel auquel il peut recourir.
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Avec ce plan, les enseignants et le ministère de l’Éducation sont en quelque sorte forcés de mettre à l’épreuve un nouveau contrat non seulement de travail, mais aussi social, axé sur la réussite des élèves. C’est un pari audacieux, certes, car les blessures de la grève ne sont pas encore totalement pansées et on ne sait pas combien d’enseignants vont lever la main, mais sa direction est la bonne : elle consacre le fait qu’il faut déployer des ressources additionnelles pour aider les plus vulnérables et qu’on n’est pas à court d’inventivité lorsqu’il s’agit de tout faire pour la réussite scolaire.
Lire l'éditorial complet de de Marie-Andrée Chouinard dans Le Devoir